Vous connaissez tous l’histoire du petit chaperon rouge. La version de Charles Perrault raconte l’histoire d’une jeune fille affublée d’une cape rouge tricotée par sa grand-mère et qui se font toutes deux manger par le grand méchant loup. Celle des frères Grimm fait intervenir un chasseur pour les délivrer en tuant ledit loup. Moi je connais la vraie version parce que je connais la suite.
Oui car le petit chaperon rouge finit par grandir. Sa cape devenue trop petite fut mise au placard où elle fut mangée par les mites, et des gants furent achetés… rouges bien entendu !
Quand au grand méchant loup, et bien il avait un fils et ça, peu de gens le savent. Un fils qui, devenu très tôt orphelin, n’eut qu’une envie : se venger de ce maudit chaperon rouge, responsable de son malheur. Ce fut sa seule et unique raison de vivre. Caché dans l’immense forêt, il guettait la jeune fille devenue femme attendant le moment propice pour se jeter sur elle et la dévorer. Ce qu’il ne savait pas en revanche c’était que le chasseur était toujours en vie et veillait sur celle qui, pour lui, resterait à jamais le petit chaperon rouge. Persuadé que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre, il sentait que le danger n’était pas écarté et qu’il pouvait surgir à tout instant au détour d’un virage.
Ce qui devait arriver arriva. Au cours d’une balade, l’ex-chaperon aux gants rouges, marchant sans but, rencontra au détour d’un croisement le jeune méchant loup. Charmeur, flatteur, il ne mit pas longtemps à l’enchanter.
Le vilain, après quelques belles paroles, enleva la naïve qui laissa tomber sur le lieu du crime un de ses gants rouges et l’emmena dans son repère.
L’antre du jeune loup n’avait rien d’une grotte telle qu’on aurait pu l’imaginer. Non. C’était une belle grotte, aménagée avec goût, bien agencée, où chaque chose y était à sa place soigneusement rangée. La jeune femme d’abord séduite par ses mots, le fut ensuite par ce confort qui pouvait paraître rassurant. Il sut l’apprivoiser, l’endormir, porté par sa vengeance. Mais cet habitat qui pouvait sembler douillet n’en restait pas moins une grotte de roche noire, sombre et oppressante, judicieusement masquée par les fleurs blanches qu’il lui offrait régulièrement pour cacher la vraie nature de ce cocon. Il la gardait jalousement à l’abri du monde car il souhaitait une vengeance au long cours. Sa satisfaction était de voir s’éteindre son innocence angélique et se faner sa joie de vivre au même rythme que les fleurs blanches.
Un jour, elle retrouva comme par magie son gant rouge que le loup avait pourtant soigneusement caché. Elle songea alors à celui qu’elle avait perdu et se mit à pleurer. Ce que le jeune loup prit pour une nouvelle étape dans sa victoire était en réalité un sursaut de mémoire et un petit pas vers l’éveil d’un profond sommeil ; un tout petit pas certes, mais le premier d’une longue marche. L’ex chaperon se mit donc à réclamer à corps et à cris ce gant égaré, un peu, beaucoup, souvent, avec de plus en plus de véhémence et de conviction ce qui rendit le loup vert de rage.
Alors qu’il eut le dos tourné, après une énième dispute, elle osa une échappée et réussit à sortir de la grotte. Hélas, il ne mit pas longtemps à découvrir sa fuite et la rattrapa aussitôt. Mais elle n’avait plus sa cape rouge par laquelle il pouvait la retenir. Elle avait mûri, et alors qu’il tenta de l’agripper par le bras, elle se mit à hurler à l’aide avec force désespoir.
Le vieux chasseur qui était dans les parages à la recherche du chaperon rouge depuis longtemps, entendit ses cris. Il se précipita devant la grotte où le loup avait réussi à empoigner sa proie. Le jeune loup en avait entendu parler par son père lorsqu’il était louveteau. Tous les soirs il l’avait mis en garde contre lui. Il avait réussi jusque là à l’éviter mais ce méfait devait être son dernier. Il sut, au regard déterminé du vieil homme, que sa dernière heure était arrivée. Aussi, lorsque le chasseur lui ordonna de la lâcher, il s’exécuta aussitôt et demanda grâce à genoux, arguant qu’il n’était pas responsable, que c’était sa nature de loup, que c’était la faute de son père…
Les deux protagonistes le regardèrent avec pitié. Oui pitié car ce jeune loup avait grandi dans la haine d’une histoire qui finalement ne lui appartenait pas. Et parce que les enfants ne sont pas responsables des erreurs de leurs parents, le chasseur lui fit grâce. Quant au grand chaperon aux gants rouges, elle lui pardonna car elle avait conscience qu’il y avait une leçon à tirer de cette histoire pour marcher dans la forêt.
Elle enfila le gant que le chasseur avait trouvé et précieusement conservé dans l’espoir de cet instant, et partit avec son sauveur à travers bois rejoindre le grand chemin.
Quant au loup faussement repenti – car ses babines retroussées démentaient ses paroles de contrition –, il fut abandonné à son triste sort. Mais pour lui c’est une autre histoire.
Et……………..
Ah! Le poids du passé familial !!!!
Oui Le passé ce boulet… entre autre !
Attention tu deviens addict !!!!