Hasard et Destinée n’étaient pas faits pour se rencontrer.
Lui, Hasard, était un garçon « feu-follet », imprévisible, toujours en mouvement, apparaissant à chaque fois là où on ne l’attendait pas et se moquait bien de ce qui pouvait lui arriver.
Elle, Destinée, était une jeune fille sage, bien « rangée », qui savait où elle devait aller quand elle devait y aller. Non qu’elle n’aimait pas un peu d’imprévu dans sa vie, mais elle lui laissait peu de place car, elle devait bien l’avouer, il lui faisait un peu peur.
Un jour pourtant, leurs chemins se croisèrent. Certains diront plus tard que c’était dû à Hasard et d’autres que c’était Destinée la responsable, mais aucun des deux en réalité n’avaient prévu cette rencontre.
Hasard, forcément ne s’y attendait pas, lui qui se laissait porter par le vent, les évènements, et par cette philosophie que « le hasard fait bien les choses ».
Destinée, elle, pensait tout le contraire : c’est bien le destin qui mène la danse, il n’y a pas de hasard, le hasard n’existe pas. Telle était sa devise.
Ce fut d’autant plus perturbant lorsqu’elle lui rentra dedans. Ou bien est-ce le hasard qui lui fonça dessus ? Le débat a toujours lieu entre eux aujourd’hui. Car leur jeu, pour leur plus grand plaisir est : leur rencontre est-elle due au hasard ou au destin ?
Mais revenons justement aux circonstances de leur rencontre.
Destinée se promenait en forêt. Elle n’était pas à la recherche de champignons ou de châtaignes, ni de feuilles pour un herbier. Non, juste une balade pour se ressourcer. Une intuition l’avait poussée à se mêler à la nature. Et comme elle a toujours pensé que son intuition était guidée par son destin, elle avait chaussé ses baskets, mis son ciré, une écharpe pour protéger sa gorge fragile – ne pas provoquer le destin en tombant malade tout de même – et se mit en quête d’un lieu où elle ne risquait pas de trouver âme qui vive.
Ah ah ! Je vous entends d’ici : « c’était leur destin », « sacré hasard tout de même ! ». S’il vous plaît, pas de parti pris.
Reprenons.
La jeune fille se promenait donc en un lieu qui incitait à la méditation, un lieu sacré à ses yeux, un sanctuaire où étaient bannis les bruits des moteurs qu’ils soient par air et sur terre. Elle s’y sentait bien, comme dans un autre monde, un autre univers, en pleine communion des sens, végétaux et animaux. Elle s’assit dans l’herbe sans se soucier de l’humidité apportée par la fraîcheur de l’automne, près d’un vieux chêne perclus d’arthrose – c’est ce qu’elle ressentit à son contact – et ferma les yeux pour s’imprégner de son environnement : les senteurs de la mousse sur les arbres, de la rosée du matin sur les fougères et les feuilles mortes, de la terre imprégnée de cette humidité matinale, des fleurs de novembre, des bogues vides de châtaignes écrasées par des chercheurs sans scrupules, des champignons… et c’est là que le destin fit son entrée et que le hasard lui tomba dessus.
Alors que Destinée avait trouvé cet apaisement, une détonation se fit entendre. La réaction de la nature ne se fit pas attendre. Les feuilles des arbres se mirent à frémir et firent s’envoler les oiseaux venus s’y réfugier. Des bruissements sur le sol révélèrent qu’elle n’était pas seule – mais ça elle le savait déjà – car des écureuils ainsi que divers insectes s’enfuirent, apeurés. Un silence de mort s’ensuivit.
Elle qui avait trouvé la sérénité dut faire un gros effort pour ne pas la perdre. Elle se leva et c’est en faisant demi-tour pour partir qu’elle lui tomba dessus, littéralement.
Le tir n’était pas du fait de Hasard. Il cherchait juste des champignons et pensait sincèrement être seul à connaître ce coin de prédilection ; c’était sans compter les chasseurs. Et bien qu’il savait ne pas risquer pas grand-chose, il se dit que ce tir était le signal pour lui de rentrer.
Oui, ricanez tant que vous pouvez. Ce tir n’était pas le fruit du destin et Hasard le savait bien. D’ailleurs lorsqu’il télescopa Destinée, il la maudit d’être sur son chemin, lui qui ne demandait jamais rien à personne, et surtout n’avait besoin de personne.
Que croyez-vous qu’ils firent tous les deux ? Ils tinrent responsable l’autre de leur malheur : « C’est la faute du hasard, dit l’une », « le destin n’a rien à faire là, dit l’autre ». Mais en réalité chacun ne voulait s’avouer ce qu’il ressentait. L’alchimie entre Hasard et Destinée venait d’opérer dans ce lieu où tous deux étaient venus, pour des raisons différentes, profiter des mêmes bienfaits.
Lorsqu’ils repartirent chacun de leur côté en ayant reproché à l’autre sa maladresse, ils pensèrent : « j’espère que je ne verrai plus Hasard sur ma route », « cette Destinée là n’est pas pour moi, c’est certain ».
Vous les auriez vus ces deux-là se regarder avec méfiance. La forêt en frémit encore aujourd’hui de joie, en y songeant, elle qui fut témoin de la naissance de leur union.
Là où les deux commencèrent à douter de leurs certitudes c’est quand leurs chemins se croisèrent de nouveau.
Imaginez donc : Destinée est en vacances dans un pays lointain. Elle se trouve au pied d’une sculpture monumentale qui la fait frissonner. « On est si peu de chose dans ce monde », pense-t-elle alors en l’effleurant, lorsque de derrière surgit Hasard qui vient de faire et exprimer à voix haute ce qu’elle vient de penser à la seconde. « Sacré Hasard tout de même ! », « si ça ce n’est pas le destin je ne m’y connais pas ! »… et vous avez tous raison. Car le Hasard qui avait décidé sur un coup de tête de voyager ne savait pas que le destin l’y avait poussé. Et Destinée qui avait cette intuition qu’elle devait aller là-bas, ne s’attendait pas à croiser le Hasard au détour d’un pilier sacré.
Oui le Hasard fait bien les choses, mais le Destin n’y est pas étranger non plus. Tout est question de conviction. Moi je crois qu’il y a un peu des deux.
Toujours est-il que cette deuxième rencontre ne les laissa pas indifférents et forts de leurs certitudes, ils décidèrent d’en discuter autour d’un verre et finirent leur séjour ensemble : Hasard et Destinée côte-à-côte, main dans la main.
Alors, cette rencontre : Hasard ou Destinée ? Le débat est ouvert.
Eux en débâtent encore aujourd’hui, avec amour.
Véro le 11/11/2018
Les 2 mon capitaine😉😉😁😁😁
Tout à fait d’accord
Pour moi il n’y a pas de hasard , par contre notre destinée n’est pas définie , c’est à nous de la construire….
J’ai bien aimé ton histoire.
Biz Myriam
Merci Myriam,
Oui nous sommes libres de choisir quel chemin prendre pour réaliser notre chemin de vie et nous pouvons choisir de ne pas le suivre ce chemin… Bonnes fêtes à toi. Bises
❤️ tout est lié.
Ils vécurent heureux, longtemps, et eurent de nombreux fruits !!!
Ah je l’ai eu au final ton commentaire…
Pour ma part il n’y a pas de hasard, tout ce qui nous arrive dans ce monde c’est pour une raison, quelle qu’elle soit…
Comme disait Albert Einstein (qu’il a pris à Théophile Gautier) : « Le hasard c’est Dieu qui se promène incognito », à méditer. J’adore ce genre de débat !
Rien n’arrive par hasard c’est le destin ! 🤣 bravo
allez , j’entre dans le débat! ce serait bien triste si le Destin était seul responsable de notre chemin. Pour moi le Hasard est le « sel » qui pimente toute découverte et toute expérience. J’adore ton conte
Eh Eh, j’adore provoquer ce genre de discussion
J’adore quelle inspiration …
Merci Cathy, c’est tiré d’un projet que j’avais commencé… et jamais fini…! et je l’ai modifié pour en faire ce petit texte. Bisous