Le phare, majestueux et fier, se dressait
Solitaire sur son îlot, l’œil aux aguets
Scrutant, sans faillir, l’horizon à l’infini,
Inlassablement, tous les jours, droit comme un « i ».
Seulement voilà, bien triste est la vie d’un phare,
Souvent déserté, oublié en pleine mer.
Nul ne passe, lui qui rêvait d’être une gare,
Lui conter des histoires, confier des mystères.
De temps en temps on vient frôler son beau rocher,
Parfois même il en garde des traces rebelles,
Témoignages de rares passages écorchés
Qui font fuir les curieux au plus loin, de plus belle.
Jamais bon, même pour un phare, d’être seul
Je vous le dis sans haine ni mélancolie,
Car il pourrait bien, de l’eau faire son linceul
Si, ô tempête ! le vague à l’âme l’envahit.