Venise, ville de magie au passé envoûtant. Je plonge dans son atmosphère romantique au fil des canaux qui me mènent vers des palais d’un autre temps.
Je m’étais jurée d’y retourner avec ou sans toi, et c’est sans toi que je déambule sur les petits ponts. C’est étrange mais j’ai le sentiment qu’ils se souviennent encore de toi, de nous. Il y a dans cette ville d’Italie un charme qui m’émerveille comme au premier jour.
Je ne suis pas triste mais je ne suis pas heureuse.
Je me laisse surprendre encore par le café Florian à la décoration authentique ; la basilique sur la place Saint-Marc, majestueuse, qui invite au recueillement ; le théâtre la Fenice reconstruit à l’identique ; les musées si nombreux ; le palais des Doges qui, outre ses trésors artistiques, abrite les âmes des prisonniers morts depuis longtemps. J’entends leurs râles en traversant le pont des soupirs, dernière vue sur le monde réel avant d’aller mourir dans des cellules sombres et humides.
Et puis il y a notre hôtel. Par chance notre chambre était libre. La première fois j’avais manqué de tomber à l’eau en accédant à l’entrée. Tu avais vite su me faire oublier ce moment gênant d’un rire complice. Le décors inchangé me transporte au dix-huitième siècle. Je t’entends me murmurer à l’oreille « appelle-moi Casanova ». Mon sourire n’est pas feint. Il ne l’était pas à l’époque, il ne l’est pas aujourd’hui.
J’ai réservé dans ce petit restaurant à l’angle d’une ruelle. Nous l’avions découvert par hasard et, ravis de notre découverte, y étions revenus tous les soirs, faisant de lui notre quartier général. Le cuisinier nous servait à chaque repas une spécialité différente puis attendait avec impatience nos exclamations de plaisir.
Le personnel me reconnaît. Il comprend vite que tu ne viendras pas me rejoindre pour dîner, mais tu ne m’as jamais vraiment quittée. Le patron me fait la surprise de dire quelques mots en français. Notre rencontre lui a donné l’envie d’apprendre. C’est ça les voyages : des rencontres qui vous touchent, des hasards qui n’en sont pas. Il pose une main chaude sur la mienne. Je le vois réfléchir quelques secondes avant de dire « tout ira bien » d’une voix douce . Il a raison. Je devais revenir ici pour le comprendre, comme un hommage à notre amour disparu et pourtant éternel. Oui, tout ira bien maintenant.